A un moment, je suis tombée malade.
A un moment, mon corps a dit « stop ». Oui, burn-out.
Après le confinement, l’année scolaire 2020-2021 a été vraiment difficile à tous les niveaux, professionnels comme personnels (amicaux, familiaux, …)
Cela a été pire pour tellement de personnes que l’on fait abstraction, qu’on se doit d’être fort, de ne pas se plaindre et d’avancer. Comme on nous l’a enseigné.
Je l’ai été. J’ai subi sans broncher tout un tas de désagréments, problèmes, émotions et stress à tous les niveaux de ma vie.
Malgré tout, jai tenu bon; j’ai tenu le cap. Je suis forte, à fond, dans les habitudes, …
J’ai même fait plein de projets avec mes 30 élèves vivant en autarcie juste entre eux durant une année entière. 30 élèves avec des difficultés notamment dues au confinement et une envie criante d’exister et de se faire remarquer pour certains.
- Au mois de mai, je vivais au monde des bisounours, je me fichais d’entendre mes collègues s’énerver et céder à la pression.
- Puis, au mois de juin, j’ai commencé à me sentir déprimée sans comprendre pourquoi : j’étais au monde des bisounours et c’était bientôt les vacances…!
- Ensuite, au mois de juillet, je laissais mes vacances passer à côté de moi sans en profiter et j’enchaînais les migraines.
Au mois d’août, j’ai passé deux fois neuf heures aux urgences.
J’ai passé plus d’une semaine clouée au lit sans pouvoir me nourrir, me laver et je n’ai aucune idée de ce qui s’est passé pour mes proches durant ces moments, je n’avais ni cerveau, ni présence, ni mémoire.
J’ai cru que je ne parviendrai pas à reprendre le travail. Je n’arrivais pas à bouger, j’étais épuisée. Je n’avais toujours pas compris que c’était un burn-out !
En bon petit soldat très consciencieux, j’y suis parvenue et dans une grande bonne humeur qui plus est.
Seulement, les symptômes continuaient à arriver tandis que j’enchaînais de nombreux rendez-vous médicaux qui tentaient d’enquêter sur mon mal par toutes les entrées possibles et inimaginables.
Cela a duré plus de 3 mois… en direction du burn-out.
3 mois où je plafonnais à neuf et demi de tension. 3 mois où je culpabilisais d’être fatiguée, d’avoir des vertiges, des maux de tête, des maux de ventre, des bizarreries aux oreilles.
Je ressentais le besoin de m’arrêter. Je cherchais presque des personnes pour me remplacer, juste une heure. Plus de remplaçant, alors, quand il est là, on a envie de lui laisser sa place pour souffler. Je me demandais jusqu’à quand je pourrai tenir.
Un jour, je parlais à une collègue et j’ai eu la sensation que c’était la dernière fois que je lui parlais en tant que vraie collègue. C’était une sensation étrange. Je ne me sentais pas dans ma vie, dans mon corps ; je me sentais absente.
Le décès d’une petite élève m’a achevée,
et j’ai rappelé le médecin. Médecin qui avait proposé de m’arrêter et j’avais refusé. Je ne sais pas ce qu’il a vu, les symptômes, probablement, mais il n’a pas évoqué le burn-out.
J’avais du mal à rester droite, je devais me plier un peu pour ne pas ressentir la douleur dans le ventre.
Je n’arrivai plus à m’occuper de mes enfants.
Cuisiner était au-dessus de mes forces.
Je n’avais plus d’énergie, plus de jus, plus de ressources, rien.
« Madame, vous être sur le générateur de secours là, deux semaines d’arrêt ne vous suffiront pas. »
Là encore, le mot « burn-out » ne vient pas.
Effectivement, j’ai passé mon temps à culpabiliser et à ne pas réussir à couper, à débrancher.
« Vous reprenez après les vacances ? »
Bien sûr, sinon je ne reprendrai jamais. Il n’y a pas d’autre solution. Quelle autre possibilité ?
Je suis revenue, ravie de retrouver mes élèves.
J’aimais mon métier, mes élèves. J’étais dans mon élément.
Mais sans avoir retrouvé le feu énergétique nécessaire pour entretenir cette foi, cette transe intense pour travailler pleinement. J’étais toujours vidée. Malgré les livres et conférences de développement personnel pour essayer d’apprendre à m’occuper de moi.
Je n’avais plus l’énergie d’aider les enfants en difficulté. D’appeler un orthophoniste. De créer tout un dossier pour avoir de l’aide, peut-être, 2 ans plus tard. Et qu’on nous dise que, quelque part, cet enfant n’a pas droit à d’aide, puisqu’il n’a pas de « handicap » et qu’il est peut-être juste « limité ». Et donc ? On ne fait rien ? On le laisse se battre et se débattre pour aller droit dans le mur ? Je croyais qu’on devait apprendre à tous !
Ce que je ne supportais me pesait plus que cela n’avait jamais pesé : les demandes de « toujours plus » incessantes ; la non-reconnaissance et la réalité d’être juste un pion dans l’institution pour laquelle on se donne pourtant corps et âme ; les tensions grandissantes ; la pression qui vient de partout.
Ça a lâché sans que je ne sois prête ou préparée, et j’ai été arrêtée, encore. Un burn-out, ce n’était plus possible.
Quand on tire sur la corde et qu’elle s’amenuise, c’est ce qui se passe.
On m’a proposé de travailler en « mode tranquille » tout en préparant éventuellement à côté une réflexion de formation afin de faire un virage professionnel. Celui qui était prévu pour 5-6 ans plus tard mais qui tournait en tête depuis 5-6 ans avant. Sans savoir, depuis 5 ans, vers quoi me tourner. Mais alors, aucune idée. Une voie inconnue et inexistante. Alors trouver une formation… ! De quoi étais-je capable d’autre ?
Franchement, ni moi, ni les élèves ne méritaient une année avec une maîtresse qui ne travaille qu’à moitié et ne va pas à fond. Mes forces n’étaient pas pleines. J’en aurai laissé de côté. Des projets, des enfants, des morceaux de programme. Quand j’envisageais ce mode tranquille, je ne supportais pas cette idée d’être présente sans tout faire. Ce ne sont pas mes valeurs d’être à moitié présente avec les enfants. Je préférai ne pas l’être du tout. Quitte à décevoir mes propres enfants.
C’est comme si je n’avais pas le choix : cela s’était imposé à moi. Le burn-out, tu ne choisis pas.
C’est ce que mon cerveau culpabilisé a construit comme excuse devant mon absence de force, mon impression d’échec, que mon médecin a essayé de me présenter différemment sans que je parvienne tout à fait à le croire. La culpabilité chevillée au corps, je n’étais pas capable d’effectuer mon travail.
A cette date anniversaire où mon corps a lâché, pendant les vacances (on voit la conscience professionnelle des profs 😉), je ne suis pas totalement reconstruite, mais je suis différente. Et sur la bonne voie. Je pense autrement.
J’ai récupéré les briques que je me suis prises dans la tête
et je les pose pour bâtir mes nouvelles bases, plus stables, puisque j’ai enfin compris où elles sont censées aller. Elles me voleront plus difficilement dans la tête maintenant. Et il n’y aura pas besoin du camion pour les transporter.
Vous aussi vous pouvez cheminer dans le bon sens. Il suffit de s’abonner et de laisser faire le reste. Jusqu’au moment où vous sentirez que c’est à votre tour de vous mettre en action.
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